Parmi les oeuvres de jeunesse de Claude Debussy (1882 - 1918), les mélodies tiennent une place importante: le chant, certes, attirait le musicien, mais les circonstances ont favorisé sa production vocale. Excellent pianiste, lecteur très habile, il devient, en 1880, accompagnateur chez Madame Moreau-Sainti, dont le cours de chant est fréquenté par des jeunes femmes de la bonne société. Debussy y rencontre Madame Marie-Blanche Vasnier, qui en fait son accompagnateur, l'accueille dans sa famille où le musicien trouvera une sorte de second foyer, un climat favorable à son épanouissement culturel. Madame Vasnier possédait une jolie voix de soprano léger et c'est pour elle que le compositeur concevra de très nombreuses mélodies - la dédicace, écrite sur un recueil qui en comporte treize, nous informe de la haute estime de l'auteur pour son interprète qu'il accompagne chez elle, en public:à Madame Vasnierces chansons qui n'ont jamais vécu que par elle et qui perdront leur grâce charmeresse si jamais plus elles ne passent par sa bouche de fée mélodieuse.L'auteur éternellement reconnaissantC.D.Les poètes mis en musique semblent choisis par séries: il y a eu le choix Bourget, le choix Théodore de Banville, puis Paul Verlaine, plus tard Baudelaire, Mallarmé, Villon. Le présent recueil tire son unité du fait que les sept pièces empruntent leur texte au même Théodore de Banville.Ces mélodies de jeunesse subissent encore l'influence des aînés admirés par le musicien: Massenet surtout n'est pas étranger à la courbe mélodique. Toutefois, l'accompagnement de piano, avec ses dispositions souvent originales, avec ses modulations subtiles, montre un souci de recherche qui annonce le Debussy futur créateur d'un style d'écriture pour le piano.Le compositeur dans sa jeunesse ne soignait guère les manuscrits de ses mélodies réservées à son usage personnel, non destinées à l'édition et qu'il accompagnait quasiment de mémoire. Aussi, une révision sévère était indispensable dont s'est chargé en musicologue averti James R. Briscoe, consignant dans des notes les corrections apportées.Telles quelles, ces sept mélodies gardent tout leur intérêt en tant que prémices d'une exceptionnelle ascension, dont l'accomplissement atteste la grandeur - quelque peu comme le grain recèle déjà les caractères spécifiques de l'arbre et de sa prestigieuse floraison.Arthur Hoérée / Soprano Solo Et Piano