L'Art de Dominique Lemaître est insaisissable. Peut-être y trouvera-t-on la volonté de se placer en dehors de tout formalisme, de créer un univers poétique s'adressant autant à la part de la conscience subjective de l'auditeur qu'à l'objective. D'où le goût des couleurs, des enchaînements de timbres différents sur une même note, de l'ambiguïté, du raffinement harmonique et sonore... De la Nuit est pleinement conforme à ce mode de pensée - dès le début de la pièce, le saxophone lui donne cette couleur nocturne et méditative, le piano ouvrant de son côté l'espace sonore. L'agrandissement de l'ambitus des intervalles joués par le piano sera prolongé par les tenues du saxophone, lesquelles continueront, en quelque sorte, le prolongement 'organique' du son. De ces résonances naîtront les mélismes entremêlés des deux instruments, avant que la musique n'effectue un retour sur elle-même dans un climat plus calme, et ne s'évanouisse définitivement.Marc Sieffert / Saxophone Alto Et Piano