Georges Paczynski se penche, dans ce 2e tome, sur la période cruciale des années 40 et 50, s arrêtant à l orée de la période contemporaine qui sera l objet du troisième volet.
C est bien, à travers la batterie et les batteurs, une étude de la naissance et du développement du jazz « moderne » qui est ici proposée.
À partir des batteurs-charnières accompagnant, comme Gus Johnson ou Shadow Wilson, la transition du Swing au bebop, l on voit se profiler les pionniers d un nouveau type de jeu. Pour soutenir l improvisation soliste qui se développe désormais dans les petites formations, Kenny Clarke, Max Roach puis Art Blakey, parmi les premiers, développent une pulsation appuyée sur la « cymbale ride » et contribuent à élargir le rôle de la batterie qui désormais fréquemment « chante » et improvise elle aussi. De Roy Haynes à Dannie Richmond, de Jimmy Cobb à Ed Blackwell ou Shelly Manne, les illustres représentants de l art de la batterie sont l objet d une étude séparée, à partir des enregistrements réalisés par chacun d eux.
Toutefois, l apport des batteurs est toujours apprécié en relation étroite avec le contexte et l esthétique qui les entourent et, avec eux, se transforment. De la même façon, l art du batteur n est jamais isolé de la relation intime que ce dernier entretient avec le contrebassiste (tel Ed Thigpen avec Ray Brown) ou le leader du groupe ( Philly Joe Jones avec Miles Davis, par exemple).
Le propos est moins de transmettre une érudition biographique et musicale pourtant réelle que d amener à une compréhension profonde des mécanismes par lesquels se transmet une tradition vivante et évolutive.
L auteur est particulièrement attentif aux années d apprentissage et aux influences reçues par les batteurs, d où un recours abondant à la parole et aux écrits de musiciens. L attention se porte également sur l évolution du matériel utilisé, sous l impulsion le plus souvent des innovations apportées par les batteurs eux-mêmes. / Livre / Agrafé /