Par COMBIER JEROME. Stèles d'air sera le prolongement de Vies silencieuses à plusieurs égards. Dans la mesure où elle empruntera semblables matières (les harmonies, les échelles de hauteurs, les tempi, les proportions...) et où elle en sera l'extension orchestrale autant que l'érosion. Le titre de 'stèles d'air' vient d'un texte que Philippe Jaccottet a écrit sur l'oeuvre de Giorgio Morandi et plus précisément sur ses dernières aquarelles qui datent des années 1963-1964. A propos de ces peintures qui ne sont plus, semble-t-il, que l'ébauche du visible - là, une tâche qui rappelle une bouteille, là un seul trait qui dessine, dans le vide qui l'entoure une forme par omission - l'écrivain parle 'd'assomption des choses qui culminerait dans leur presque disparition (...), des stèles d'air qu'un roi sans royaume aurait fait dresser à des confins sans nom, à l'ultime bord du monde visible...'.
L'électronique aura cette fonction là : elle érodera le sonore porté par les instruments, diluera harmonies et échelles dans des saturations douces, des sons chargés de bruit - elle aura avant tout fonction orchestrale.
Jérôme Combier / contemporain / Répertoire / Ensemble et Electronique