Par DUFOURT HUGUES. Antiphysis. Le titre ne se prévaut d'aucun chaos dionysiaque. Il s'agirait bien plutôt du contraire. Antiphysis, le rejet du naturalisme sous toutes ses formes: sens commun, déferlement des puissances aveugles, menus drames de la profondeur. Au royaume d'Antiphysis, tout est gauche, oblique, indirect, labyrinthique.
Antiphysis est écrit pour flûte soliste et orchestre de chambre. J'ai voulu une flûte privée de sa vocation pastorale, une flûte torride, âcre, emplie de la rumeur des villes. La relation de l'instrumentiste à l'orchestre est délibérément maintenue dans l'ambiguïté. La flûte procède par échappées, éclipses, interférences, développements intermittents. Jamais le soliste n'occupe une position centrale.
La partition repose sur des symétries de structures et de fonction, toutes légèrement gauchies. J'ai cherché, dans la mise en oeuvre, à multiplier les axes, inverser ou échanger les rôles, entrecroiser les techniques jusqu'à la limite de leur compatibilité mutuelle. Mon but n'était pas de contrôler la métamorphose, mais d'obtenir des 'arrangements paradoxaux'.
Hugues Dufourt, 1978 / contemporain / Répertoire / Partie de Flûte Traversière Solo