dans son plus simple appareil. Par ROCHE COLIN. Lorsqu'un ami chef d'orchestre m'a proposé, il y a quelques années, d'écrire pour grand orchestre avec soliste, j'ai immédiatement pensé au son fébrile et dansant de l'allumette. A l'échelle de l'orchestre, la contrebasse faisait une allumette parfaite. Je me suis donc mis au travail, écrivant d'abord une pièce relativement simple pour de jeunes musiciens. Cette première pièce autour de l'allumette fut un immense laboratoire et mes micro-recherches autour de cet objet neutre étaient chaque fois grossies mille fois par le son généreux des jeunes interprètes.
Quelques temps plus tard, je décidais de retravailler la matière qui me semblait prometteuse - d'abord en extrayant une pièce soliste pour contrebasse, Erotique de l'allumette. Puis, un peu à la manière des Chemins de Luciano Berio, une nouvelle version concertante.
Tout au long de ce parcours de travail, j'ai gardé en tête le premier vers de L'Allumette de Francis Ponge : 'Le feu faisait un corps à l'allumette', qui me renvoyait tour à tour aux enfers, à l'érotique des corps, tout en m'invitant à rester au plus proche de la réalité sonore de l'objet sans me laisser emmener trop loin par sa poétique sous-jacente.
L'Allumette considérée (dans son plus simple appareil) est une commande de Multilatérale avec le soutien de la SACEM et est dédiée à N.
Colin Roche / contemporain / Répertoire / Contrebasse et Ensemble