Prélude - Elévation - SolitudeLa très grande majorité des compositions d'Ivan Wyschnegradsky ont été écrites en micro-intervalles, du 1/3 au 1/12ème de ton. Son oeuvre comprend peu de pièces pour piano en demi-ton, la plus connue étant l'Etude sur le Carré magique sonore Op.40 (Ed. Belaïeff) qui avait fortement impressionné Olivier Messiaen *. Celui-ci l'avait même inscrite au programme du Concours International de Piano portant son nom en 1971 à Royan.Ces Trois pièces pour piano en demi-ton ont été réunies dans le même opus 38, bien que composées à différentes époques. En effet, les dates indiquées par le compositeur en fin de chacune des pièces (1957, 1964, 1959) représentent la dernière révision (ou remaniement , comme il aimait à l'exprimer) de l'oeuvre, souvent éloignée de la date originale de composition.J'ai eu le grand privilège de jouer et étudier nombre d'oeuvres d'Ivan Wyschnegradsky en sa présence et avec ses indications. Lors d'une séance de travail autour du Prélude Op.38, Ivan Wyschnegradsky m'a expliqué l'origine du leitmotiv qui apparaît quasiment dans toutes ses oeuvres. On le trouve ici aux mesures 30, 32 et 49 du Prélude. Ce motif en notes répétées, noté souvent accelerando et crescendo était pour lui une réminiscence d'un slogan scandé par les jeunes révolutionnaires en 1917 sous les mots Revoloutzia dans les rues de Petrograd (qui a retrouvé aujourd'hui son nom de Saint-Petersbourg).Il fallait l'entendre le déclamer avec son fort accent russe qui ne l'a jamais abandonné et la véhémence de son souvenir, si intense pour qu'il ressente la nécessité de l'inclure tout au long de sa vie, comme un sceau impérissable, dans chacune de ses oeuvres.Martine Joste* voir la lettre d'Olivier Messiaen dans le livre de Pascale Criton : Ivan Wyschnegradsky, Libération du son -Ecrits 1916-1979, Ed. Symétrie, page 469. / Piano / Jobert