Par MASSENET JULES. Après l’achat d’une résidence estivale à Pont-de-l’Arche en Normandie, le 10 juillet 1891, Massenet tisse des liens amicaux avec l’abbé Henri Hazé, alors curé de la paroisse de Sainte-Marguerite-sur-Duclair. Né le 6 janvier 1854 à Elbeuf, l’abbé Hazé est lui-même musicien, « une nature élevée, à l’esprit curieux, au cœur chaud, très incliné vers l’art, et ami du beau sous toutes ses formes. » Ayant « un goût très vif de la musique religieuse », il fait éditer en 1894 un premier recueil de pièces d’orgue où figurent notamment des pièces de d’Indy, Guilmant, Vierne ou La Tombelle. Parallèlement, Hazé en prépare un second qu’il achève peu avant sa mort, survenue le 28 février 1895, mais qui ne sera publié que trois ans plus tard par Henry Eymieux. Ce volume, dont nous n’avons trouvé aucun exemplaire dans des collections publiques, est, en effet, annoncé dans la Revue musicale Sainte-Cécile du 1er juillet 1898. Les notices biographiques des auteurs confirment la datation probable du volume où se trouve l’Offertoire de Massenet : mention du décès de Georges Mac-Master, le 31 mars 1898 ; passage de Charles Tournemire en tant que titulaire de l’orgue de Saint-Nicolas-du-Chardonnet de décembre 1897 à mai 1898. Sa composition est pourtant bien antérieure puisque le manuscrit, récemment apparu lors d’une vente aux enchères à Deauville, est daté et signé « Pont-de-l’Arche /été 1894 ». Ainsi, Massenet compose son Offertoire dans la foulée de l’édition du premier recueil et offre son manuscrit à l’abbé Hazé dans la perspective de la publication d’un second, comme en témoigne une lettre du 15 septembre 1896 : « Vous souvient-il d’un offertoire écrit pour le pauvre abbé Hazé Je retrouve le manuscrit et vous l’offre. L’offertoire va paraître chez un éditeur. »
Cette lettre témoigne d’une relation amicale que Massenet et son épouse ont tissée avec sa récipiendaire et dédicataire de l’Offertoire, Marguerite Touzard. Née le 31 octobre 1879 à Pont-de-l’Arche, en 1896, Touzard est déjà, malgré son jeune âge, organiste de la paroisse et, depuis l’été 1893, elle fréquente le couple Massenet qui l’invite lors de ses promenades estivales. Le compositeur la prend rapidement en sympathie car, dès l’année suivante, il la recommande à Émile Decombes, ancien disciple de Chopin et célèbre professeur de piano du Conservatoire :
« Cher ami, »
p(quote). « Je te demande la grande faveur de permettre à l’une de tes anciennes auditrices de pouvoir assister à ta classe (pendant son court séjour à paris). »
p(quote). « Il s’agit de Mlle Touzard que, ma femme et moi, nous connaissons depuis nos villégiatures à Pont-de-l’Arche. »
p(quote). « Tu me feras plaisir et tu rendras très heureuse une excellente musicienne qui mérite tout ton intérêt. »
Massenet lui adresse aussi un des élèves de Touzard qui, après avoir vécu à Rouen où elle est professeur de piano, s’installe ensuite à Paris en 1896. Le compositeur lui apporte encore son soutien, en sollicitant une nouvelle fois Decombes, et l’introduit dans le milieu musical parisien : « Je vous le redis encore, je suis à vous pour parler de vous, écrire à votre sujet et vous recommander à qui vous désirerez. Je suis heureux de l’intérêt témoigné par mon excellent collègue M. Decombes. » Touzard devient ainsi, en avril 1897, pianiste de la classe d’Émilie Ambre Bouichière, créatrice du rôle-titre de Manon en province, à Lille en 1884. Massenet sollicite Touzard aussi peu après pour être la répétitrice de la comtesse Bolska, qui souhaite travailler Manon. Elle réussit ensuite à faire intégrer certains de ses élèves au Conservatoire et sera nommée Officier d’académie par le ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. Au fil du temps, elle devient une personnalité du monde musical parisien, organisant des concerts ou des soirées musicales dont la presse se fait l’écho, et semble avoir été en relation avec Massenet au moins jusqu’en 1905.
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et de / Date parution : 2020-02-01/ Répertoire / Orgue
