Par MEHUL ETIENNE-NICOLAS. Méhul est peut-être, sous la Révolution, le Consulat et l’Empire, le seul compositeur français d’envergure à avoir parfaitement compris et assimilé les dernières perfections de la musique de son temps. Formé par un Allemand, puis par un Alsacien, il s’est donné pour but, lors de la composition de ses symphonies, de montrer « qu’un Français peut suivre de loin Haydn et Mozart ». En 1807, au sommet de son art, Méhul a su assurer, au service de l’opéra comique, la réciproque fertilisation des musiques allemande et française et de son propre génie orchestral. La découverte des deux premières symphonies de Beethoven constitue alors le choc qui le conduira, en l’espace de trois années, à composer ses cinq symphonies.
La première symphonie, en sol mineur, frappe d’emblée par ce double constat : sa maîtrise formelle tout d’abord, et l’économie des moyens mis en œuvre, remarquable chez un compositeur qu’on disait bruyant.
Schumann, en 1838, dira de cette symphonie : « la ressemblance du dernier mouvement avec le premier de la Symphonie en do mineur de Beethoven et des scherzos de ces deux symphonies est remarquable ». La cinquième de Beethoven et la première de Méhul ne doivent en fait rien l’une à l’autre, ayant été composées à peu près en même temps ; si le menuet de la symphonie de Méhul (dont la première partie est confiée aux seuls pizzicatos des cordes) est un scherzo d’esprit très beethovenien, il n’est guère dans la lettre de la cinquième symphonie. En revanche, on comprend mieux comment le thème principal du quatrième mouvement (allegro agitato), avec sa levée de trois croches répétées, a pu frapper Schumann.
François Bernard / Date parution : 2018-10-01/ Répertoire / 2 Flûtes, 2 Hautbois, 2 Clarinettes, 2 Bassons, 2