D’après l’édition romaine de 1567 conservée au Museo internazionale e biblioteca della musica di Bologna. Par PALESTRINA GIOVANNI. Transcription diplomatique, commentaires, solmisation des canons et musica ficta de Gérard Geay
La Missa ad fugam de Palestrina est entièrement canonique. Toutes les polyphonies à quatre voix sont en double canon à la 4te. Dans l’Agnus Dei II, est ajoutée une cinquième voix en canon à l’unisson. Le Pleni sunt celi et le Benedictus sont en canon à 3 voix. Dans les deux sources publiées respectivement à Rome en 1567 et à Venise en 1598, seuls les antécédents de ces canons sont imprimés séparément. Le chanteur qui se voit confié l’exécution du conséquent (ou Resolutio) doit donc le déduire en lisant l’antécédent transposé à l’intervalle prescrit au moyen de la solmisation. Puisque celle-ci est identique dans les deux voix canoniques, la place des demi-tons l’est également. Les rares différences résulteront soit de la justification des intervalles diminués ou augmentés dans le contrepoint (causa necessitatis) soit de l’ajout de demi-tons (causa pulchritudinis), ces deux causes induisant des modifications purement extrinsèques.
Cette édition propose une version totalement différente de la Missa ad fugam réalisée selon ces principes. En effet, toutes les versions modernes de cette messe sont en mixolydien (mode de sol). Or, l’emploi de la solmisation, telle qu’elle était pratiquée au XVIe siècle pour résoudre les canons, aboutit à une version en dorien (mode de ré transposé sur sol).
Dans une longue introduction, de nombreux exemples tirés d’oeuvres de Josquin Desprez, Adriano Wuillaert et Giovanni Luigi da Palestrina lui-même illustrent, par la pratique, la manière de résoudre un canon au moyen de la solmisation et d’ajouter les altérations accidentelles. La mise en partition de la Missa ad fugam y est proposée sous deux formes : la première entièrement solmisée avec des commentaires ; la seconde avec les paroles pour le concert. Une fois les principes présidant à la réalisation de cette messe bien assimilés, les chanteurs pourront d’ailleurs tenter l’expérience de la chanter sur l’une des deux sources originales.
L’œuvre de Palestrina ayant été régulièrement ornée et diminuée par les chanteurs et transcrite par les instrumentistes à son époque, un court paragraphe aborde la question de l’ornementation et des diminutions illustrée par la mise en partition des diminutions d’un motet de Palestrina par Giovanni Bassano./ Répertoire / Choeur Mixte (SATB) a Cappella