Alain Wodrascka (Auteur), Juliette Gréco (Préface)
/ Animé par la flamme de la fulgurance, Jacques Brel, disparu à l'âge de 49 ans, a investi plusieurs domaines artistiques qu'il a portés au sommet de leur puissance. Le chanteur : son répertoire, riche et varié, compte une quantité de chansons puisées dans une encre poétique fort moderne et investies d'une poignante interprétation théâtrale. Parmi elles, de déchirants hymnes à l'amour (" Ne me quitte pas ", " La chanson des vieux amants "...), des peintures oniriques (" Le plat pays ", " Les Marquises ", " Mon enfance ", " Amsterdam "...), de bouleversants portraits sociaux (" Les vieux "...) et des saynètes empreintes d'un humour irrésistible (" Les bigotes ", " Les bonbons ", " Madeleine "...). Le comédien : au cinéma, Brel a su évoluer dans des registres divers avec un égal talent. Cas exceptionnel pour un acteur, il a réussi à camper des personnages conventionnels (Les risques du métier), graves (Les assassins de l'ordre), libertins (Mon oncle Benjamin) ou loufoques (L'emmerdeur) tout en restant à chaque fois crédible. Finalement, son spectacle musical L'homme de la Mancha, où il joua et chanta, réunit toutes ses formes d'expression ici portées à leur paroxysme. Le souci principal de Brel était de ne jamais tricher, de ne jamais faire preuve d'habilité en adoptant des procédés professionnels. Aussi, après avoir tenté avec succès toutes les expériences artistiques, et dompté les arts de la navigation et du pilotage d'un avion, décida-t-il, au sommet de sa gloire, de larguer les amarres du rêve sur son île des Marquises.