de Frédérique Patureau
/ Quatrième de couverture
L'inauguration d'un nouvel Opéra à Paris a toujours été un événement de portée nationale. Alors que s'organise l'Opéra de la Bastille, cet ouvrage s'attache à montrer comment, au siècle précédent, le fastueux Palais édifié sous la direction de l'architecte Charles Garnier fut investi d'une mission politique et sociale d'envergure, dépassant largement sa fonction première de centre de diffusion de l'art lyrique. Au fil d'une analyse archivistique approfondie, il reconstitue le fonctionnement interne de l'institution, tout au long d'une période décisive où s'installe définitivement la République et où s'opèrent d'importantes mutations au sein de la société française. Au moment où l'extrême vitalité du genre lyrique en fait un lieu d'intense création, l'Opéra de Paris, lourdement subventionné, étroitement encadré par l'Etat, est aussi - et surtout - un terrain privilégié d'affrontement des grands débats idéologiques qui agitent le monde politique. Les modifications apportées par la tutelle à son Cahier des charges s'inspirent ainsi clairement du nationalisme ambiant, mais surtout des principes démocratiques, vivifiés par la célébration du premier centenaire de la Révolution Française. C'est ainsi notamment que prend corps, dans les années 1880, le rêve d'un Opéra populaire qui s'élabore, d'un projet de construction à l'autre, en opposition systématique du Palais Garnier, ce " temple mondain des privilégiés de la fortune ". Singulièrement riche en tensions et en paradoxes, le théâtre d'opéra est celui des mondes de l'art où se mettent définitivement en place, dès l'aube du XXe siècle, ces enjeux culturels dont nous entretient l'actualité immédiate. Docteur en sociologie, Frédérique Patureau est chercheur associé au Centre de Sociologie des Arts à Paris. Elle poursuit actuellement une recherche sur l'évolution contemporaine des institutions lyriques.