Road book.
Rencontre réjouissante entre deux chanteurs, deux amis, qui se livrent sans tabous.
Ils parlent de tout. Sans tabous. Avec humour ou gravité. De leur enfance, leurs débuts dans le métier, leur carrière, leurs influences, leurs projets Ils parlent de femmes, de politique, de littérature, de musique, de cinéma, de sport, d'écriture, de galères et de succès. C'est une discussion à bâtons rompus, commencée à Ouessant, au bistrot de Phiphi la boulange, président du fan-club mondial de Christophe Miossec, poursuivie à Perpignan, chez Bruno Caliciuri, le Catalan, puis à Bruxelles, ville d'adoption de Miossec le Brestois. Une conversation pleine de spontanéité entre deux figures de la scène française, deux ` frères de chanson liés par la même façon d'oser tout dire `.
Leur complicité est rare. Elle s'impose au lecteur dès les premières lignes de cet ouvrage que l'on parcourt comme un road book. Car il y a davantage que de l'estime entre eux. Il y a de la tendresse. Il y a de l'amitié, de l'amour. Une relation privilégiée que le photographe Claude Gassian a magnifiquement su saisir. ` Echanger un tas de conneries avec une personne que l'on aime profondément est un luxe délicieux, souligne Cali. Du temps gagné sur la vie. `
Au fil de cette ` rencontre au fil de l'autre `, ils rient, se taquinent, s'agacent, s'enflamment. Le Catalan se raconte sans fausse pudeur. Il parle comme il est sur scène : généreux et entier. Sa sensibilité transpire à chaque phrase, notamment lorsqu'il évoque son enfance , sa famille, ce père disparu trop tôt qui lui répétait sans cesse : ` Tu fais ce que tu veux, mais tu dois savoir une seule chose, c'est que je te fais confiance. `
Le Breton est plus insaisissable. Dans la préface, le producteur Laurent Lavige écrit avec justesse : ` A travers ces entretiens, l'animal se laisse approcher et donne de sa personne mais il n'est jamais docile. ` Miossec ne se livre que par petites touches. Parfois, il se lâche, parle de sa vie, de ses vies - lorsqu'il fut journaliste à la Réunion, ` roadie ` pour Miles David ou rédacteur pour TF1 - , de son rapport à l'argent, de son caractère ombrageux, de son père fan de BB King Imprévisible, il laisse à voir, un peu, entrouvre une porte, puis la referme, brusquement, et se réfugie dans l'ironie et la ` provoc `.
Tous deux adorent la littérature américaine, Johnny Cash et Dominique A. Tous les deux sont de grands mélancoliques, de ` joyeux désespérés `, qui chantent les blessures de l'amour plutôt que ses bonheurs. A la fois si proches et tellement différents, ils sont, dans ce livre, tels qu'on les aime. Tels qu'on les attendait. / Variété / Livre /