Pas de partitions / Quand le compositeur interprète s'expose en 24X36, s'exprime en ektas, combine un récital d'images pour expliquer que la photo est à l'instar de la chanson un art de consoler, d'aimer et d'exulter. Dans Images de ma vie, Aznavour ouvre au public ses albums de photographies. Les tirages sépia de femmes et d'hommes au maintien guindé et à l' il brillant cèdent peu à peu la place aux instantanés plus spontanés d'une vie familiale et professionnelle captée depuis les coulisses par l' il ami, l' il complice qui fait valser les sourires et sublime le bonheur d'être ensemble. Les photos parlent. Les marges rédigées de l'album passent au révélateur l'idée que Aznavour se fait de son métier, l'homme qu'il est dans la vie. Elles disent une manière de voir qui est une manière de vivre : un éloge de l'audace et de l'attendrissement. Les photos de Charles Aznavour, ce sont les photos prises de lui mais aussi celles qu'il a prises des autres. Il faut observer les regards, pétillants, intenses, ils en disent long sur celui qui photographie. Ils sont le conducteur secret de cet album qui enchaîne sagement les époques avant de se clore sur une magnifique série de portraits de la femme de l'artiste, de ses enfants et de ses petits-enfants. Cet homme si secret quand il s'agit de parler de la famille qu'il a fondée proclame en photos un hymne sans parole à cette puissance de vie et d'amour qu'est un couple et ses enfants. Ici, le ton est presque grave et l'on retrouve par endroits le hiératisme des tout premiers portraits de famille : une façon pour ce rejeton d'une race décimée par un génocide, et que la raison d'Etat ne programmait pas vraiment pour naître, de chanter l'espoir.