«Je veux le composer tout à fait d après le caractère de Mlle Rose». Voici ce que répondit Mozart à la question de savoir comment il allait concevoir l Andante de sa Sonate en Ut majeur. Il avait fait la connaissance de Rosina Cannabich à Mannheim durant l automne 1777. Composée à son intention, la Sonate K. 309 lui fut tout de suite présentée lors d une leçon, si bien que d après les dires de son professeur, elle la jouait déjà de manière «admirable» en décembre 1777. Afin que de nombreux élèves puissent faire de même, nous présentons ce joyau de la musique de piano de Mozart, jusqu alors seulement disponible dans les recueils intégrals des sonates (HN 1 et 3), sous la forme d une édition séparée avec, en sus, une nouvelle préface de l éditeur.
1er MOUVEMENT Le premier mouvement de la sonate K 309 en ut majeur est un modèle pour enseigner la structure de la forme sonate. Dans les formes sonate, pas plus que dans la fugue de Bach, aucun dogme ne sert de base au processus de composition, mais chaque sonate apporte une nouvelle variation à un principe fondamental. Cela impliquait, pour Mozart, l obligation stricte de se conformer à certains schémas sans pour autant laisser entraver sa propre liberté de création. Pour ses mouvements de sonates en tonalités majeures, il était, par exemple, favorable à la dominante comme la plupart de ses contemporains. Sur ce point, Haydn, en revanche, se délectait à tenter de nouvelles expériences.
Il serait peut-être utile, par une brève analyse, de montrer quel était le modèle de référence d une «forme d allegro de sonate» pour Mozart, et le premier mouvement de la sonate en ut majeur K 309 est, à cet égard, un exemple idéal pour un tel examen. Le premier thème est un début caractéristique en marcato, suivi d une «réponse» de cinq mesures. La quarte descendante et la sixte ascendante du début forment un des motifs favoris de Mozart; c est son procédé mélodique habituel. Il l utilise souvent en mineur comme en majeur et beaucoup de ses thèmes commencent par ce motif (pour exemple le deuxième mouvement de la sonate en la majeur K 331 et l Adagio en si mineur K 540 et certains thèmes des Symphonies K 114, 124, 319/II et 551/II). Les sept mesures du thème principal sont répétées avec une légère variation. Les mesures 12 à 30 viennent conclure la période du premier thème par une phrase réponse (3 3 mesures). La transition fait appel à un nouveau matériau puis, dans la mesure 35 (âpres 2 mesures préliminaires) vient un second thème cantabile à la dominante (sol majeur), comprenant deux fois quatre mesures. Il est également repris et s achemine vers un thème de clôture plein d allant (groupe conclusif) qui traverse un passage d ornementation pianistique (m. 43) et enferme une merveilleuse réduction des mesures 35 et 36 dans la mesure 45. L exposition se termine par une «codetta» de cinq mesures. Le développement présente d abord le motif d exposition en sol mineur puis les différentes idées du premier thème sont élaborées. Dans cette démarche, Mozart s en réfère beaucoup plus aux principes d école qu il ne le fait d habitude. Deux autres expositions du motif du départ nous conduisent à la réexposition dans la mesure 94. Le second thème, maintenant à la tonique, s est interverti avec son accompagnement. On assiste à un rappel du début dans une coda qui s impose avec force.
2eme MOUVEMENT Le deuxième mouvement de cette sonate est un Andante un poco adagio introspectif. Mozart avait fait part dans une lettre de sin désir d adapter cet Andante au caractère de la jeune pianiste Rosa Cannabich pour laquelle il l avait écrit : «c est une jolie et charmante jeune fille, tout comme cet andante. Elle est très mûre et posée pour son âge, elle ne parle pas beaucoup et c est toujours avec grâce et gentillesse».
3eme MOUVEMENT C est un Rondo élégant et fluide, d une longueur inusitée, qui clôt cette sonate. / [Sonate pour piano en Ut majeur K. 309 (284b)] / Classique / Partition / Agrafé /