Cette sonate pour piano et violon (on notera l'ordre très beethovénien d'énoncé des deux instruments) date de 1921, période extrêmement prolifique pour Lucien Durosoir, récemment revenu de la guerre. Cette oeuvre nous immerge d'emblée dans le style le plus mature du compositeur (dès mes premiers essais, je donnerai des fruits mûrs, écrivait-il à sa mère durant la guerre). Harmonie tourmentée, superposition de rythmes contraires, vertige de la difficulté, thèmes inquiets voire angoissés débouchant sur une séquence d'une allégresse irrépressible : c'est comme si la vie et la mort se livraient, par la voix des instruments, un combat sans merci. Mais toujours l'espoir y resurgit, fût-il fugace et presque insaisissable.