(...) Ce titre est tiré d'un poème de Tal Coat qui fut non seulement un grand peintre mais également un poète. Le poème dit :
la ligne gravissant la chute,
ensevelie dans son ombre
dans le surgissement de l'arête, s'éclaire d'un bond.
(Tal Coat, Vers ce qui fut / est / ma raison profonde / de vivre,
éd. Françoise Simesek et Claude Ritschard,
Lausanne, 1985, p.14)
(...) Chopin se caractérise pour moi par l'intériorité réciproque des opposés : métrique et rythmique, figure et fond, détermination précise et suggestion indicible, raptus démonique et péroraison grandiose. La verticale s'abolit dans son ascension même. La forme n'est que genèse, la tension est portée aux limites. Chopin nous découvre un monde noir et abyssal, mais d'une opacité rayonnante . Dans cet Hommage à Chopin, le problème pianistique est le ressort de la pièce. J'ai recherché l'adéquation de la technique instrumentale au langage qui, d'ailleurs, se plie aux exigences de la main et aux impératifs de la motricité. La musique de Chopin est incandescente. Elle s'impose comme une coulée de lave. J'ai cherché dans cet Hommage, à retrouver le sens d'une forme qui s'invente chemin faisant, entre spirale et turbulence, tout en respectant l'unité de ton des classiques.
Hugues Dufourt / Partition /